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Burkina-Faso

Soulagement de la douleur dentaire dans le district d’Orodara

23 février au 3 mars 2015

Pascaline DURAND / Isabelle THIEBOT

1. Objectifs du programme

L’objectif opérationnel principal est de permettre un accès de qualité et de proximité au soulagement de la douleur dentaire en zone rurale.

2. Objectifs de la mission

– Evaluer le programme de soins bucco-dentaires de premier niveau mis en place en 2004 dans des CSPS du District d’Orodara dans le cadre d’une supervision.

– Apporter du matériel pour compléter le matériel dans les CSPS réalisant des activités bucco-dentaires et/ou équiper de nouveaux CSPS.

3. Historique du programme

Le programme a débuté en 2003 avec l’appui de l’AOI. Il est devenu ensuite très rapidement autonome.

Les premiers infirmiers ont été formés en 2004 et les activités dentaires ont commencé dans 5 centres de santé et de promotion de la santé.

 Entre 2004 et 2014,

  • 27 infirmiers ont été formés dont 25 ICP et 2 infirmiers brevetés. 12 ont intégré une formation d’attaché spécialisé en odontologie, 1 la formation d’attaché spécialisé en chirurgie. 6 ont été mutés hors du district ou sont partis. 8 sont en poste.
  • Chaque année une session de recyclage d’une semaine a été réalisée à Orodara.

4. Données sur le contexte  général du  district

Le district d’Ordara est à l’Ouest du Burkina (1h de route de Bobo-Dioulasso). Il compte 378 000 habitants.

Le village du District le plus éloigné d’Orodara est situé à plus de 180 km d’Orodara.

La région est une des moins sèches du pays.

Les cultures de fruits, de coton et de riz sont les principales activités.

Pendant la saison des pluies (hivernage), qui dure 3 mois (mi-juin à mi-septembre), certains villages ne sont plus accessibles par la route (utilisation éventuelle de pirogues).

Pour la majorité de la population, les déplacements se font en mobylette, moto, vélo, « occasions ». Des taxis brousse (min-bus) relient les CSPS du Nord à Bobo Dioulasso et du Sud à Orodara.

Des triporteurs remplacent progressivement les charrettes à ânes pour les transports de bois, matériaux…

Situation économique

Le climat et les productions agricoles font de la région d’Orodara une zone plutôt favorisée économiquement par rapport au Nord et à l’Est du pays. La zone de Banzon est qualifiée de « grenier » de la région pour ses productions agricoles.

2 usines de traitement du coton (égrenage et nettoyage) emploient du personnel local.

Les revenus de la population sont plutôt supérieurs à la moyenne nationale.

Un indicateur est que chaque famille possède une mobylette.

Le prix du coton, soumis aux interactions internationales a baissé ces dernières années.

Equipements

Il n’y a pas d’eau courante dans les villages mais des puits ou des forages.

Les CSPS sont équipés de bidons d’eau avec un robinet.

Les centres ont de l’électricité générée par des panneaux solaires mais les batteries sont épuisées en quelques heures.

La généralisation des téléphones portables a beaucoup facilité les communications.

Evolution des habitudes alimentaires

Le riz remplace progressivement le mil.

La consommation de sucres augmente de façon importante.

5. Données sur le contexte sanitaire

Pathologies dominantes

Les principales pathologies sont le paludisme, les infections respiratoires, les maladies diarrhéiques. La prévalence du VIH est de l’ordre de 1%. L’incidence diminue. Les principaux foyers se trouvent dans les villes, le long des frontières. La disponibilité des traitements est insuffisante. La mortalité liée à ces affections reste importante (X%)

La malnutrition sévit toujours, plus en raison d’habitudes culturelles (ex : modalités de sevrage…) plutôt que du manque de nourriture.

Les HTA et le diabète augmentent de façon significative. Peut-être n’étaient-ils pas diagnostiqués précédemment.

Formations sanitaires sur le district d’Orodara

            – 2 centres de santé et de promotion de la santé (CSPS)

           – Centre médical à antenne chirurgicale (CMA)

           – 2 Centres médicaux

           – 45 CSPS

Recours aux soins dentaires

Le recours à la médecine traditionnelle est courant.

Des praticiens ambulants, sans aucune formation (« auto-proclamés ») font des extractions dentaires sur les marchés. Sans formation, ils n’assurent pas le suivi des complications. La décontamination n’ayant rien de rigoureux, les risques sont très élevés. Ils utilisent un produit (sans doute un acide) qui « ramollit » l’os et facilite les extractions mais les effets s’étendent au-delà de l’os alvéolaire concerné, entraînant des dégâts collatéraux. Les tarifs sont élevés. Dans les lieux où d’autres possibilités de soulagement de la douleur existent, leur présence sur le marché se raréfie.

6. Visite des CSPS et du centre médical de N’Dorola

5 centres ont été visités et ont pu montrer la compétence et la dextérité des infirmiers pour pratiquer des extractions.

Activités bucco-dentaires dans le district d’Orodara

Centres de soins et de promotion de la santé (CSPS) : N’Dorola, Kokoro, N’Gorlani, Samorogouan, Sindo

Centre médical : N’Dorola (version provisoire)

7. Résumé des conclusions

Le programme répond à un besoin et à une demande. Il améliore l’accessibilité géographique et financière au soulagement de la douleur dentaire. La qualité des soins est assurée grâce au travail d’un attaché de santé en odontologie, Mr Bila Ouédraogo, formateur, véritable pivot du projet depuis son démarrage.

Cette expérience menée depuis 10 ans montre la pertinence du soulagement de la douleur réalisée par des infirmiers en zone rurale dans le contexte d’un district comme celui d’Orodara.

En termes de pérennité, l’essentiel de l’autonomie est acquise. Il reste des points à conforter dans le cadre d’une instutionnalisation.

Le Dr Meda a beaucoup contribué à la mise en place du programme dans les années 2006-2008, en tant que médecin chef du district. Il  a pris en février ses fonctions de médecin chef régional. Il va contribuer avec les autorités actuelles du district à faire évoluer le projet.

Le cabinet dentaire de référence d’Orodara a besoin d’être réhabilité.